Johan Theorin revient ici sur son territoire de prédilection, l’île d’Öland, avec un suspense virtuose.
À la fonte des neiges, les gens du continent réinvestissent l’île. Peter Mörner s’est installé dans une vieille maison dont il a hérité pour trouver la paix, loin de son père. De sa villa flambant neuve, Vendela Larsson regarde cette lande dont elle connaît tous les secrets. Quant à Gerlof, vieux loup de mer de 85 ans, il a voulu revoir, peut-être pour la dernière fois, le soleil de son enfance… Mais pour eux, ce printemps ne sera pas comme les autres. La mort rôde en cette nuit de Walpurgis qui célèbre traditionnellement la fin de l’hiver, et les drames du passé, dont témoigne la couleur rouge sang de la falaise entre la carrière et la lande, resurgissent…
Le maître du polar passe tous ses étés sur l’île d’Öland où se situent ses romans
« Les amoureux de Theorin sont à la fête… Avec Öland, il a inventé un gimmick fonctionnant à la perfection
et le Sang des pierres en constitue une nouvelle formidable démonstration. » Marianne
« Un romancier atypique aux polars étranges et paradoxaux. » Le Monde des livres
NUIT DE WALPURGIS
La main gauche grièvement brûlée, des côtes cassées, le regard humide et flou, Peter Mörner était pourtant encore bien conscient. Il sentait l’essence qu’on versait sur lui, si tiède. Dans l’air froid du soir, le liquide semblait presque chaud, il coulait sur ses cheveux, brûlait les plaies sanglantes de son visage.
Il sortait avec un glouglou rythmique du bidon qu’on tenait au-dessus de lui. Puis le glouglou cessa et le bidon vide rebondit sur le calcaire.
Peter était à présent à genoux, trempé, au milieu d’une vaste flaque. Les coups reçus à la tête lui donnaient le vertige, et les vapeurs d’essence n’arrangeaient rien.
En s’aidant de ses bras, il tenta de se relever. Il avait du mal à fixer son regard. La silhouette au-dessus de lui restait une ombre noire contre le ciel nocturne.
Un Troll, se dit Peter. On croirait un Troll des montagnes.
« C’est la nuit de Walpurgis, dit l’ombre. Ce soir, on allume partout des feux. »
Puis il sortit de la poche de sa veste un objet qu’il secoua avec un faible bruit. Une boîte d’allumettes.
Peter allait brûler, pour expier les fautes de son père.
Il releva la tête en se disant qu’il y avait peut-être quelque chose à faire, même s’il était trop tard – il pouvait toujours demander grâce.
Des gouttes d’essence lui entrèrent dans la bouche.